C’est ce qui fait le prix d’Iranien : cette impression que le réalisateur, avec un culot incroyable, tente le tout pour le tout, plonge les mains dans le camboui et tâche de démonter, en vaillant petit mécanicien, les rouages écrasants de la phallocratie islamique.
L’idée reste d’expérimenter, et de voir ce que peuvent produire, sur ces symboles de la pensée islamique, la meilleure argumentation possible, et toute la patience du monde. (...)
Tamadon contemple avec une inquiétude certaine, mais sans jamais se défaire de son flegme, les mécanismes qui régissent les dictatures : comment un défenseur du dogme change de sujet quand on le place devant une impasse, comment il s’empare de son téléphone portable devant un soucis insoluble, comment il joue sur les mots, retourne les problèmes. Quelques plans sont cependant consacrés aux femmes et aux enfants, révélant du même coup le poids de la tradition et de l’endoctrinement. Et l’enthousiasme d’une fillette pour un feu de bois (« On dirait l’enfer ! »), traduit discrètement l’enthousiasme féminin pour tout ce qui brûle, nié parles ultra-conservateurs quelques minutes plus tôt (« les hommes son excités sexuellement plus vite que les femmes, voilà pourquoi c’est à elles de se voiler »).
Film d’horreur, film d’action, Iranien illustre la force de la parole. C’est l’inverse d’un adieu aux armes : un hommage à celles, purement théoriques, qui devraient permettre de voir le monde continuer d’évoluer.
Camille Brunel – Accréds