It Follows, nouveau long métrage de l’Américain David Robert Mitchell s’ouvre comme une parodie de film d’horreur : une jeune fille à forte poitrine et tenue légère s’enfuit dans la rue en hurlant. Mitchell prend pourtant le genre au sérieux.
(…) On reconnait vite l’amère douceur du premier long métrage de l’Américain : ses jeunes héros ont beau n’avoir que 21 ans, ils sont déjà gagnés par la mélancolie et regrettent une enfance où tout était possible. Mitchell les regarde avec une grande délicatesse : délicatesse d’un plan sur les ongles vernis de l’héroïne, délicatesse d’un autre plan où l’on dispose quelques brindilles d’herbe sur la peau. (...) Par d’amples panoramiques dont les mouvements sont stoppés par des travellings précis, la mise en scène est pensée et sait ce qu’elle cherche. Et ce que les zombies guettent. Toutes les légendes urbaines jouent sur la culpabilité liée au sexe. En effet, l’angoisse sexuelle est au centre des enjeux de It Follows : dans la malédiction qui frappe les personnages et dans le rite de passage auquel on assiste. Les spectateurs paresseux n’y verront qu’une bobine d’horreur de plus, mais Mitchell comme les grands cinéastes du genre sait à quel point l’horreur altère le rapport au réel et ouvre des portes. C’est là qu’un autre film, celui de l’imaginaire, peut commencer.
Le parfum d’horreur 80’s, la lumière déclinante, le décor un peu désolé de suburb crépusculaire, tout pousse à une gracieuse mélancolie (...) It Follows est un film d’horreur efficace et généreux, qui sait installer de la tension quand il le faut. Mitchell, surtout, sait installer une atmosphère, son travail formel évoquant parfois celui du photographe Gregory Crewdson et ses magnifiques décors hantés. (...) Mais ce récit d’adolescence disperse un sort enivrant, a un charme fou, et confirme que l’horreur actuelle la plus remarquable est à chercher dans les marges et la production indé. Ce It Follows est une vraie petite perle.
Nicolas Bardot – Filmdeculte.com