Chaque matin, Illa cuisine et se met en quatre pour préparer des plats variés et savoureux pour le déjeuner de son mari. Elle confie ensuite sa "lunchbox" au gigantesque service de livraison qui dessert toutes les entreprises de Bombay. Chaque soir elle attend de son mari des compliments qui ne viennent jamais. Ce qu’elle ignore, c’est que ses "lunchbox", sont remises accidentellement à Saajan, un homme solitaire, proche de la retraite. Conscient de la méprise, Saajan laisse, un jour, un mot dans la "boîte repas". Ila lui répond. Débute alors une relation épistolaire où l’excitation de dialoguer avec un inconnu se transforme en une amitié inattendue…
(…) Un scrongneugneu qui s’humanise, une épouse délaissée qui se met à rêver : on a beaucoup vu ça au cinéma. Seulement, devant l’inventivité de ce jeune
cinéaste indien, tous les clichés s’effacent. Ritesh Batra a vu pas mal de films bo- et ho-llywoodiens, c’est évident, et il se sert de l’exotisme de Bombay pour nous séduire. Pourquoi pas, après tout ? Puisqu’il utilise la beauté des lieux pour créer une tension diffuse et le charme de ses personnages pour créer l’émotion. Ils sont tous attachants , à commencer par l’assistant pot-de-colle du vieux ronchon qui se révèle, peu à peu, plus ambigu que prévu et blésé par la vie. Issus de milieux sociaux et de religions différents, elle lui et l’autre sont unis, en fait, par une même solitude et l’indifférence que le monde extérieur semble manifester à leur égard.
Tout est sur le fil de la mélancolie, mais une mélancolie euphorisante. Des « feel good movies » comme The Lunchbox on en redemande.
Pierre Murat – Télérama