L’excellence de Tu dors Nicole (du Canadien Stéphane Lafleur) ne prévient pas. Elle nous tombe dessus dès les premiers plans, dans un beau noir et blanc qui s’efface rapidement derrière l’effet de style et la finesse des (més)aventures de Nicole, personnage central de ce conte d’été adulescent.
Nicole s’emmerde. C’est l’été, ses parents sont partis et son frère traîne à la maison avec son groupe de rock. Entre un petit boulot chiant et une meilleure copine tout aussi paumée qu’elle, notre héroïne s’occupe comme elle peut, profite d’une carte de crédit pour se faire plaisir (des tickets pour un improbable voyage en Islande), et se fait draguer par un gamin de 12 ans dont la voix a mué (certainement, et de très loin, la meilleure idée comique de répétition du Festival). Les saynètes se suivent sans se ressembler dans ce décor de banlieue pavillonnaire canadienne, et si le rythme du film colle à la moiteur d’un été chaud qui parfois nous scotche dans l’oisiveté, l’atmosphère qui s’en dégage fonctionne à merveille.
Si Stéphane Lafleur réussit ici son pari, c’est avant tout parce qu’il refuse tout compromis. Ni teen-movie, ni comédie dramatique, son Tu dors Nicole avance comme bon lui semble, au risque d’en laisser certains de côté. C’est le risque inhérent à toute proposition artistique ambitieuse et pointilleuse que de ne pas vouloir plaire à tout le monde. On espère juste que le plus grand nombre s’attachera comme nous au charme fou et doucement insolent de ce film et de son héroïne !
Jérémy Martin – Lepasseurcritique.com